Je vérifiais tout le jeu de l’amitié avec le tapis de monte à cru quand j’ai eu une grande surprise : il était terrifié du bruit que faisait le stick et la cordelette sur le tapis ! Alors j’ai changé mon plan de séance et pris beaucoup de temps pour régler ce problème. Monter un cheval sans oser faire de bruit n’est pas vraiment une bonne idée… Il vaut mieux le régler maintenant plutôt que d’avoir des problèmes plus tard.
Certains changements qui nous paraissent minuscules peuvent signifier beaucoup pour les chevaux. Parce qu’il était très confortable avec tout ce que je lui proposais le jour d’avant ne veut pas dire qu’il le sera aussi avec le tapis de monte à cru sur le dos. Prenez le temps qu’il faut et ça prendra moins de temps plus tard.
Aslan s’est finalement détendu avec cet étrange bruit sur son dos, j’ai donc décidé de passer à l’étape suivante : comme je suis trop grande et trop lourde pour lui, j’ai demandé à notre stagiaire Mathilde d’être mon assistante. Elle travaille sur son niveau 4 Parelli, alors elle connait les principes et il est très facile de travailler avec elle. La première étape était d’habituer Aslan à ce que quelqu’un saute près de lui et tape doucement sur le tapis. Vous pouvez voir qu’il est sceptique - la tête haute et une oreille tendue en arrière. Je n’essaie pas de l’empêcher de bouger, ça doit être la décision du cheval de rester immobile.
On recommence la même chose à droite. Pourquoi ? Parce que le cheval verra aussi le cavalier de son oeil droit.
Mathilde arrête de sauter et de taper le tapis dès qu’Aslan la regarde - comme avec le drapeau et le gros ballon vert : nous voulons que les chevaux confrontent, se connectent et participent et si nous récompensons juste à ce moment là le cheval prendra l’habitude de se connecter. C’est tout ce que nous avons fait dans cette première séance pour accepter le cavalier et apprendre à rester immobile au montoir.
Le jour suivant nous sommes passés à la prochaine étape : le sac de patate. J’ai d’abord demandé à Mathilde de le toucher partout, même de l’autre côté. Vous pouvez voir qu’il a les oreilles en arrière et la queue légèrement repliée - il est tendu. Je laisse du mou dans la longe pour qu’il ne se sente pas piégé et qu’il puisse bouger s’il en a le besoin.
Après avoir sauté dans les airs et tapé le tapis il nous a données le feu vert pour continuer. J’aide Mathilde à se coucher sur son dos. Vous pouvez clairement voir les tensions d’Aslan : la tête haute, l’encolure tendue et les oreilles pointées en arrière. Mathilde le caresse doucement en lui parlant.
Après trois répétitions Aslan pouvait enfin se retourner et regarder Mathilde. Ceci est très important - ça aide le cheval à mieux réaliser ce qu’il se passe et à se connecter au futur cavalier. Il n’a toujours pas machouillé, ça a pris environ 15 minutes pour qu’il se détende et soupire et machouille.
Nous continuons de l’autre côté. Mathilde lui demande poliment la permission d’approcher son épaule. Ceci s’est aussi révélé être très important avec Aslan. Nous avons répété l’enchaînement de sauter en l’air et de se coucher sur son dos à peu près cinq fois et en lui demandant la permission à chaque fois. Il commence toujours par bloquer l’accès à Mathilde - comme vous pouvez le voir sur cette photo - et après s’être salués il remet sa tête droite et lui donner la permission d’y aller. À chaque fois que nous ne respections pas ce processus, il bougeait lorsqu’elle sautait dans les airs près de lui.
Il regarde les jambes de Mathilde. Quelques chevaux peuvent commencer à mordre et à manger les jambes et les chaussures du cavalier - ce n’est pas très grave à ce stade. Ils sont juste curieux et souvenez vous, la curiosité vient après la peur et avant la confiance.
Aslan a dû bailler un long moment après cette séance. Le fait de bailler n’est pas un signe que le cheval est fatigué ou ennuyé - ça signifie que le cheval relâche les tensions et le stress intérieur. C’était donc très bien dans ce cas la. Nous avons fait de notre mieux pour respecter sa peur du cavalier et pour lui donner une bonne expérience.