Je commence la séance avec un peu de pansage et en le laissant brouter. Devenir amis est très important.
Je commence par le toucher avec le stick et la cordelette sur le côté gauche, en démarrant par les épaules, et ensuite les postérieurs. Je descends aussi sur chaque membre à l’extérieur et l’intérieur. Je fais la même chose trois fois sur ce côté. J’aime garder une main à plat sur son front - cela aide à créer une meilleure connexion et à le détendre.
Je répète exactement la même chose sur le côté droit. Comme pour le côté gauche, j’exécute les mouvements 3 fois de suite - ainsi, je l’ai touché partout avec le stick 3 fois.
Après ça, il a poussé un grand soupir et a posé sa tête sous mon bras. C’est un moment important dans notre relation - c’est la première fois qu’il était vraiment connecté et j’ai l’impression qu’à ce moment-là, il a décidé de me faire confiance et de me donner une chance.
Puis je lui ai montré le drapeau, je l’ai enroulé autour du stick puisqu’il y avait du vent et que je ne voulais pas l’embêter sans raison. Il m’a directement autorisée à le toucher.
Je commence le même enchaînement que j’avais fait avec le stick et la cordelette. Toucher à l’épaule puis sur le dos.
Antérieurs - toujours difficile. J’ai ensuite continué vers les postérieurs.
Je demande la permission de toucher le côté droit.
Après avoir touché l’encolure et les épaules, je descends le long de l’antérieur - regardez attentivement, il mâchouille juste à ce moment là !
Je progresse ensuite via le dos et les postérieurs vers le très sensible postérieur droit. Je le touche assez franchement pour ne pas le chatouiller, tout en restant délicate. Il a fait un bel effort pour l’accepter, mais sa queue reste toute recroquevillée et ses oreilles couchées en arrière.
Moment de détente. Il a tellement de difficulté à lâcher prise que je l’autorise à brouter entre deux enchaînements. Ça l’aide beaucoup à se calmer.
Maintenant, il faut l’aider à accepter le drapeau lorsqu’il se déplace. Ça ne le dérange pas vraiment sur son côté gauche lorsqu’il marche - même au dessus de lui.
Le drapeau touche ses flancs côté gauche.
Même sur le côté droit, il est plutôt tolérant au début. Peut-être remarquez-vous son regard “calme” et ses oreilles pointées en arrières sur cette photo : ce regard est souvent confondu avec celui d’un cheval qui s’ennuie ou qui est très confiant… ce qui n’est pas du tout le cas ici !
Je débute l’étape suivante : faire des changements de direction. Cela lui demande un gros effort : il a l’attitude et la posture typique d’un cerveau droit introverti très inquiet : la queue repliée, un postérieur “au repos”, les oreilles pointées et légèrement en arrière, les antérieurs et l’encolure tendus.
Et voici sa réaction une seconde plus tard... Comme ce genre de chevaux sont très obéissants, ils sont très tolérants pendant plusieurs répétitions, jusqu’à ce que leur peur prenne finalement le dessus. Aslan montre de la résistance pendant les changements de direction - non pas parce qu’il est têtu, mais à cause de son manque de confiance dans le drapeau sur son côté lorsqu’il bouge. Il préfèrerait garder le drapeau devant lui, où il peut mieux le voir.
Ici, j’établis un contact avec le drapeau. Devrions-nous éviter ce genre de réactions avec les chevaux aussi sensibles qu’Aslan ? Je ne pense pas. Il est vraiment important d’apprendre à nos chevaux à gérer les choses effrayantes. Bien sûr, il faut avoir les compétences pour garder la situation sous contrôle et s’assurer de finir sur une bonne note.
Il agit avec l’instinct de fuite, c’est pourquoi je laisse le drapeau dans cette position. Comme je l’ai mentionné dans la publication précédente, il a développé un réflexe de fuite très ancré. C’est une réponse tout à fait naturelle pour les chevaux, mais ce n’est pas très sécuritaire et avantageux dans le monde des humains. Il apprend maintenant une réponse différente, qui est de ralentir, se confronter, réfléchir et se détendre. Pour atteindre ce but, je dois continuer jusqu’à ce qu’il trouve le calme.
C’est beaucoup mieux maintenant (n’hésitez pas à comparer avec les photos précédentes !). Il y a beaucoup moins de tensions dans son corps, la tête est plus basse, la queue détendue. Il accepte le toucher du drapeau au trot.
Il est temps de passer à l’autre côté. Bien sûr, je m’attends à une réaction similaire. Remarquez que je laisse ma main ouverte : il est important qu’il ne se sente pas piégé.
Tout est un peu plus facile sur le côté gauche. Aslan réagit toujours intensément, mais beaucoup moins qu’avec son oeil droit.
Nous avons fini la troisième séance là-dessus. Il a accepté le drapeau au trot sur tout son corps. Regardez son langage corporel ici : sa tête est basse, les oreilles sont plus détendues, une oreille se pointe attentivement vers moi et non pas vers le drapeau. Il y a du mou dans la longe. Il a fait beaucoup de progrès en seulement trois séances.
C’est le moment de réfléchir à tout ça. Le plus important pour Aslan est qu’il commence à me considérer comme une amie, celle qui le protège dans les situations de peur - même si c’est moi qui les provoque.