Après avoir joué au sol avec lui jusqu’à ce qu’il soit calme et connecté, j’ai demandé à Mathilde de commencer la routine du montoir. Avec des chevaux comme Aslan il est très important de travailler dans la constance, de garder une certaine habitude dans ce que nous leur demandons pour qu’ils puissent anticiper la suite des événements.
Est-il d’accord avec le mouvement sur son dos aujourd’hui ? Il a une oreille tournée vers Mathilde et il ne bouge pas - c’est bien.
J’ai ensuite demandé à Mathilde de se pencher doucement sur son dos, mais pas encore de s’asseoir.
Et puis de redescendre de l’autre côté ! Pourquoi ? Pour empêcher Aslan de s’enfermer dans sa bulle comme il fait lorsqu’il devient insécure. Changer les choses juste un peu peut aider les chevaux à penser différemment à ce qu’ils sont entrain de faire. Comme ça Aslan reste mieux engagé et présent mentalement dans le processus. À la fin ça devrait devenir un simple jeu de l’amitié, avec un Homme!
Nous avons répété cet enchaînement environ trois fois de chaque côté, puis décidé qu’il était temps de passer à l’étape suivante - s'asseoir complètement sur son dos. Vous pouvez remarquer son regard sceptique sur sa tête. J’ai mis les rênes, non pas pour que Mathilde puisse le contrôler, mais pour aider Aslan à se connecter avec elle.
Nous nous assurons qu’il réalise que ce n’est que Mathilde là-haut. Si vous avez une relation de confiance avec votre cheval au sol et qu’il réalise que ce n’est que vous sur son dos, les chances que tout se passe bien sont beaucoup plus élevées .
Il est important que le cheval vérifie des deux côtés. Mathilde monte avec le tapis de monte à cru parce qu’il est plus facile d’en descendre si les choses tournent mal.
C’est bien Aslan ! Il est vraiment important de laisser les chevaux réfléchir et digérer les informations ! Il a bien machouillé après ça.
Quand nous en sommes revenus à la monte, Aslan est retourné dans son habitude de partir en avant. À la place de juste aider Mathilde à monter, j’ai continué de sauter avec elle à cloche pied comme si elle allait monter, jusqu’à ce qu’il décide de rester immobile. À chaque fois qu’un cheval commence à bouger au montoir, cela montre qu’il est soit dans le doute soit mentalement pas connecté - les deux peuvent potentiellement mener à des situations très inconfortables.
Aslan a finalement décidé de rester immobile et a donné le feu vert à Mathilde pour qu’elle monte. Le regard qu’il avait exprimait quelque chose comme : Ah, c’est juste toi !
Après tous ces accords de sa part il est finalement temps de passer à l’étape suivante : apprendre à suivre notre énergie pour marcher, mais le plus important - pour trouver l’arrêt. Au début je marchais avec lui, Mathilde jouait à la passagère et lui caressait l’encolure.
Nous avons ensuite introduit les flexions latérales au pas. Il les connaît déjà plutôt bien à l'arrêt, mais les utiliser pour demander l’arrêt peut rendre les chevaux de son genre très claustrophobes. Prendre son temps et y aller doucement est absolument essentiel pour être sûr que le cheval continue de réfléchir à la situation. Quand on enseigne ceci aux chevaux, il est important, avant d’utiliser les rênes, d’expirer, de relaxer et “d’arrêter de monter”. Plus tard le cheval pourra s’arrêter en suivant notre détente corporelle.
Nous avons fait la même chose plusieurs fois des deux côtés. Regardez bien cette photo : pouvez vous voir que son nez est pointé vers la gauche et que l’encolure derrière ses oreilles se dirige juste un peu vers l’extérieur ? Il se bat contre ses instincts - devrait-il se tendre et se battre ou être doux et avoir confiance ? Il y a une très petite ligne qui sépare la douceur et la révolte. J’ai demandé à Mathilde de ne rien lui demander de plus ni plus fermement, seulement de continuer à tenir la rêne : de garder la demande très légère et d’attendre. Elle a appelé Aslan en le caressant au garrot avec l’autre main.
Et il a fait son choix. Avoir de la connection et de la douceur est plus important avec lui que l’obéissance et la vitesse de réponse. Il faut s’adapter à chaque cheval - pour lui il vaut parfois mieux mettre les commandes en attente et patienter jusqu’à ce qu’il le fasse de lui même.
Nous avons fini la séance lorsqu’il pouvait marcher et s’arrêter avec confiance en faisant une flexion latérale dans la douceur et sans craintes. Bien joué, Aslan !