Chevaux Difficiles - Obélix : le petit gars noir aux ennuis [Diaporama]
Quand le propriétaire d’Obelix est venu me trouver en mars dernier, il était assez désespéré. Ce jour là, Obélix devait voir le vétérinaire et il était impossible de le toucher pour l’examiner ou le soigner. De plus, le cheval tractait ses deux filles de 10 et 13 ans, et il devenait de plus en plus difficile de le préparer pour le monter.
Le simple fait de vouloir le panser, le seller ou le brider provoquait un drame à chaque fois. Le vétérinaire avait recommandé au propriétaire de s’adresser le Haras du Plessis.
Obélix est arrivé le 1 mars dans l’après midi. Il est tout noir, un croisement entre Irish Cob et cheval de selle suédois. Agé de huit ans, il appartenait auparavant à un cirque. Dès sa descente du van Obelix s’est montré très émotif mais aussi pas très concerné par son environnement. Il nous a immédiatement fait une démonstration de sa capacité à tracter son propriétaire.
Il ne se sauve pas, mais son comportement est néanmoins très désagréable. Nous l’avons installé dans son box avec paddock à côté de Tadjik, et avons décidé de le laisser se poser jusqu’à sa première séance le lendemain.
Rester ouvert, ne pas anticiper !
Le lendemain je suis entrée dans son box l’esprit ouvert et sans opinions préconçues sur son caractère et sa problématique. Il est juste trop facile de partir du principe qu’un cheval comme lui agit comme il le fait pour dominer et par manque de respect. Obelix a accueilli avec scepticisme la poignée de main du horseman, et n’a pas accepté d’être touché derrière la ligne des yeux.
Il semble manquer de confiance dans les humains, à l’idée d’être touché, d’être attrapé. J’ai donc passé du temps avec lui avant de le conduire dans la carrière. J’ai demandé à Mathilde, une de nos working students, de venir avec un seau plein de brosses.
J’ai marché avec lui, et j’ai de nouveau été surprise de voir à quel point il était léger et sensible. Une sensation très différente de celle que peut donner un cheval dominant et malpoli. J’ai aussi rapidement remarqué qu’il semblait avoir des connaissances de horsemanship au sol. Il connaissant le jeu de l’amitié avec le stick et la cordelette, le jeu de la conduite à reculons, et le désengagement des postérieurs.
Bien sur, il a essayé ici et là de m’arracher la longe des mains et de partir, mais il ne fait que s’éloigner, il ne s’enfuit pas. Après avoir vérifié ces quelques points, j’ai commencé à le panser dans la carrière. Ca n’a pas été facile pour lui d’accepter en confiance que je le touche partout avec une brosse. Mes mains ne lui ont plus posé problème après 5 minutes, mais les brosses ont été plus difficiles.
D’une certaine manière il est un cheval « difficile » facile, parce qu’il répond parfaitement à chaque stratégie après 2 ou 3 essais. Tout fonctionne comme décrit dans les manuels. A la fin de la première séance, il acceptait d’être brossé, d’être frotté partout avec le tapis de selle, et il se laissait approcher et toucher par une deuxième personne.
Ayant observé son manque de confiance, j’ai demandé à chacune des cinq stagiaires de lui rendre visite une fois par jour dans son paddock pour lui dire bonjour, le licoler, et le toucher partout. Cela l’a aussi beaucoup aidé.
Créer des habitudes positives
Les 3 séances suivantes je me suis concentrée sur le fait qu’il reste tranquille dans le coin pansage sans être attaché. Lors de la première séance, il a tenté de partir quelques fois, mais pour le faire revenir il suffisant de lui donner une petite tape sur la hanche pour le désengager et le faire reprendre sa place.
La deuxième fois (lors de la troisième séance) il est déjà resté en place avec la longe au sol comme un pro. J’ai pu le seller sans problème et j’ai donc décidé de voir quel était le problème avec le mors. Bien sûr, sa première réaction à la vue du mors a été défensive, et j’ai donc décidé d’installer une association positive en proposant un bout de carotte avec.
Il lui fallait prendre la carotte qui était dans la même main que le mors et après 3 fois il a également essayé de prendre le mors sans jeter la tête en l’air.
En parallèle je l’ai exercé à la conduite, aux arrêts, au fait de me suivre et de se synchroniser avec moi. Il a immédiatement compris, et le « stick to me » lui plaisait manifestement. Je n’ai eu à lui expliquer que deux fois qu’il ne devait pas couper ma trajectoire ni me dépasser.
Il a également appris à se mettre en avant sur le cercle, à désengager les postérieurs sur une pression légère du licol et un regard sur ses postérieurs et à aller dans la nouvelle direction en comprenant et sans discuter.
Les exercices les plus pertinents pour Obélix :
- Tenir sa tête en flexion latérale – prendre sa tête dans les bras. Accepter d’être confiné avec confiance.
- Jeux de l’amitié pour améliorer sa confiance et pour l’aider à rester tranquille pendant le pansage, quand on le selle et au montoir.
- Falling leaf
- Désengagement
- Les jeux de la conduite, en reculant et en déplaçant l’avant main pour plus de sécurité avec les enfants.
- Le Yoyo – pour lui enseigner à sortir de l’espace personnel, encore une fois pour plus de sécurité avec les enfants.
- Attraper le mors – maintenant son jeu préféré.
- Monter dans le van
Diaporama d'Obélix
Le propriétaire est venu trois fois pour observer et prendre des leçons, ce qui était très important pour moi. Au final, c’est souvent la personne au bout de la longe ou sur le dos du cheval qui provoque les comportements indésirables.
Un sujet important a donc été comment générer des comportements positifs plutôt que des réactions défensives. J’ai beaucoup parlé de la distinction entre pensées et comportements de la proie et du prédateur et je lui ai montré qu’une attitude amicale et sereine couplée à des règles claires change bien des choses pour Obélix.
Le dernier moment clé pour les propriétaires a été quand il a fallu charger Obélix dans le van pour le retour à la maison. Obélix en avait fait un drame à l’aller, tapant et protestant dans le van durant tout le voyage. Je l’avais exercé au van les 3 jours avant son départ.
Après juste 3 approches, après l’avoir laissé entrer, faire demi tour et sortir, il est entré en trottant ! Il avait compris ce que nous attendions de lui, et en lui permettant de sortir il ne s’est plus senti piégé et a donc pu rester tranquille. Nous avons pu fermer la porte sans problème, et sans qu’il ne se sente prisonnier. Il a pris conscience de la situation parce que nous avons pris le temps de lui expliquer progressivement et gentiment.
Obélix a été un cheval intéressant pour moi à bien des égards. Comment aider un cheval et son propriétaire qui n’a pas d’expérience en Natural Horsemanship et qui débute avec les chevaux ? Que faut il enseigner au cheval et à l’humain pour que la relation se poursuive positivement ?
Ce qui m’a aidé c’est de me concentrer sur les bases du partenariat entre humain et cheval, dans ce cas particulier la sécurité, le jeu de l’amitié et les manières de surmonter le clivage proie- prédateur.
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