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Débourrage Chevrenne - Un Projet "Lourd"

Gabi Neurohr débourrage - Gabi est au sol avec son élève, une jument de trait bretonne

Chevrenne est arrivée en juillet pour trois semaines chez moi pour son débourrage. Je n’avais encore jamais travaillé ou monté un cheval de trait, et c’est la première fois que j’ai le plaisir de jouer avec 850 kg de cheval d’un coup. Et je dois dire que la différence avec un cheval de 450kg est énorme.

La propriétaire de Chevrenne a déjà fait un bon travail d’éducation au préalable. Elle lui a enseigné le travail aux longues rênes et à tirer une charrue. Chevrenne a déjà découvert la sangle, la bride et connait quelques ordres vocaux de base. Il lui manque cependant du respect et de l’attention pour l’Homme, de l’impulsion et de la réactivité.

Faire attention à l'Homme

Il est intéressant de voir à quel point de petites choses comme le fait de donner les pieds avec légèreté deviennent importantes avec un animal de 850kg. Les conséquences d’un manque d’attention ou de coopération deviennent beaucoup plus graves. Ne vous méprenez pas, Chevrenne est une jument très douce et d’un naturel affable, elle n’a jamais eu de mauvaise intention.

Elle ne fait juste pas attention et n’envisage pas que quelque chose puisse être plus fragile qu’elle. Tout ce qui concerne la sécurité et à la coopération quotidienne en tant que partenaire a soudain pris une autre dimension avec elle.

J’ai du lui enseigner à prêter attention à l’humain et à se comporter en partenaire en toutes circonstances : en donnant les pieds sans se laisser distraire ou perdre l’équilibre, en entrant dans le box sans m’écraser contre le poteau, en passant les portails sans m’écraser ou les démolir, en allant au paddock et en faisant attention à ne pas poser ses gros pieds sur mes petits pieds. 

Pendant la première semaine j’ai consacré du temps à améliorer les compétences au sol de Chevrenne et son attention à l’égard de l’humain. Comme sa sensibilité physique n’est pas très élevée (ces races sont faites pour aller à l’encontre de la pression) j’ai utilisé le drapeau en plastique pour l’inciter à être plus réactive à mes demandes.

Elle apprenait facilement et se concentrait quand j’avais son attention, mais quand elle était distraite par quelque chose elle marchait sur tout ce qui se trouvait sur son passage, comme les barres et les blocs d’obstacles. Elle ne semble pas être dérangée par l’inconfort que ça génère. A la fin de la première semaine je l'ai montée pour la première fois. Elle a appris à se placer au montoir et à m’accepter sur son dos. Cela ne lui a pas posé de problème particulier.

Installer le Galop

Pendant la deuxième semaine je l'ai souvent prise dans le rond de longe pour améliorer son impulsion en la faisant travailler sur la longe longue. Il m’est facile de tenir et de bloquer un cheval plus léger qui se met à tirer sur la corde, mais avec elle je sais qu’il ne faut pas laisser ce genre de situation arriver. Je ne voulais pas qu’elle expérimente sa capacité à arracher la loge et s'enfuir.

J’ai donc travaillé sur sa compréhension du trot sur le cercle et sur des transitions montantes fluides. Sa connaissance des ordres vocaux m’a beaucoup facilité la tâche. Nous avons eu quelques difficultés quand je lui ai demandé de galoper. Il faut savoir que les chevaux de trait ne sont pas faits pour galoper, mais plutôt pour marcher avec puissance.

Ce n’est donc pas facile pour eux de galoper.  Je voulais juste que Chevrenne essaie et fasse preuve de bonne volonté plutôt que de faire des sauts de mouton et d’envoyer les pieds. Donc à chaque fois qu’elle essayait, même si elle ne faisait qu’accélérer le trot, je la félicitais. Assez rapidement elle s’est mise à galoper facilement pour un cheval de sa taille et de son gabarit.

J’ai commencé à la monter dans le rond de longe au pas et au trot, avec des arrêts, des reculer et des changements de direction faciles. Elle a vite compris, même montée avec le licol éthologique. J’ai préféré faire ces premières séances de trot dans le rond de longe parce que je savais que je n’aurais pas beaucoup d’influence sur le licol si elle avait une attaque de peur ou d’exubérance .

De plus, je n’aime pas l’idée de devoir contrôler un cheval avec le mors, ça ne crée de bonnes conditions de la réussite. Je préfère développer la compréhension et une forte connexion mentale. Au final cela me donnera infiniment plus de contrôle que n’importe quelle bride. 

Du travail à pied à la première balade - le débourrage de Chevrenne en images :

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Aller de l'avant - la motivation est la clé

La troisième semaine j’ai commencé à la monter dans la carrière extérieure et à travailler en mors, qu’elle connaissait déjà du travail de traction. La plus grosse difficulté pour Chevrenne a été de penser a se mettre plus en avant. Il lui a fallu découvrir que trotter avec un humainsur le dos peut être plaisant.

Au départ, je lui ai demandé beaucoup de transitions, jusqu’à ce qu’elle réponde bien, et bien sûr j’ai noté chaque effort de sa part et je l’ai félicitée. J’ai rapidement pu me concentrer sur le maintien du trot et j’ai pu la récompenser à chaque fois qu’elle pensait « trot » et que ses mouvements se fluidifiaient.

Je suis vraiment convaincue que si nous arrivons à communiquer à nos chevaux ce que nous attendons d’eux et que nous leur montrons notre satisfaction quand ils le font, ils se mettent à aimer leur travail. La motivation est une clé importante pour un cheval comme Chevrenne. Il est impossible de forcer un paquet de muscles de 850kg à faire quoi que ce soit. Il faut donc demander, expliquer et motiver. Chaque séance montée était très courte, 20mn au maximum. J’aime que les choses soient courtes, intéressantes et progressives, et arrêter quand le cheval a compris et fait son plus gros effort. 

Comme la troisième semaine était aussi la dernière de son séjour, j’ai commencé à l’emmener en extérieur. Elle était juste super! Et ça m'a apaisée. Son rythme de pas calme et constant génère de la tranquillité. C’est pendant ces sorties en extérieur qu’elle a trouvé son rythme au trot. Elle a trouvé un merveilleux trot bien en avant, sans que je n’ai jamais la crainte qu’elle m’embarque ou qu’elle se mette à faire des sauts de mouton. Elle a été géniale ! Et quand sa propriétaire est venue les deux derniers jours pour prendre des cours et pour la monter, j’ai été très heureuse de lui montrer le super cheval qu’elle avait.

L'importance des compétences de bases

Chevrenne a été un bon rappel de l’importance d’enseigner les compétences de base au cheval, celles lui permettant d’agir en partenaire dans la vie de tous les jours. Nous laissons passer beaucoup de choses, et si le cheval n’est pas trop grand ou lourd, ça n’a pas un grand impact. Nous acceptons qu’il s’appuie un peu sur nous ou qu‘il tire un peu quand nous lui demandons les pieds, nous nous laissons pousser quand notre cheval veut éviter une flaque. Tous les chevaux devraient apprendre à se comporter en partenaires au quotidien, et à apporter leur contribution à une vie commune plus sure et agréable. 

 

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